Un professeur d’éducation physique du CNDF avec le club-école des Lightning de Tampa Bay
C’est une expérience professionnelle et personnelle inestimable qu’a vécue en février dernier l‘un des professeurs d’éducation physique du Campus Notre-Dame-de-Foy (CNDF), monsieur Vincent Harvey-Simard, alors qu’il s’est joint au Crunch de Syracuse de la Ligue américaine de hockey. Ce périple d’une semaine – toutes dépenses payées par le Crunch, rien de moins – lui a ainsi permis de suivre les nombreux intervenants impliqués auprès du club-école des Lightning de Tampa Bay : directeur du développement des joueurs, entraîneurs sur la glace, entraîneur de la mécanique, entraîneur en prévention des blessures, préparateur physique et physiothérapeute.
Bien sûr, il a appris de nouvelles choses en discutant avec ces professionnels. La conversation ne se faisait toutefois pas à sens unique, puisque Vincent a également pu partager son bagage personnel : « Je dirais que nos échanges m’ont conforté dans ma pratique. J’ai constaté qu’il y avait beaucoup de similitudes dans nos propositions. Mais, comme dans n’importe quel domaine, chaque intervenant y va de sa petite touche personnelle et c’est ce qui est intéressant de découvrir et de mettre en commun. C’est un peu comme un chef cuisinier qui ferait un voyage hors du continent et qui ramènerait des épices : dans mon cas, ce que j’ai ramené, ce sont des façons de faire et des variantes d’exercices qui vont enrichir les programmes que je dois élaborer pour la préparation et/ou la réhabilitation de nos étudiants-athlètes. » mentionnait celui qui agit également à titre de préparateur physique du Notre-Dame Football.
Rendu ici, le lecteur est en droit de se demander le lien entre l’emploi de professeur en éducation physique au CNDF (qu’il occupe d’ailleurs depuis plus de 10 ans), son rôle au sein de l’équipe de football du Campus et le monde du hockey. Il est important de mentionner que Vincent Harvey-Simard n’est pas étranger à notre sport national, puisqu’il oeuvre depuis près d’une décennie dans la préparation physique hors-glace de joueurs une fois l’été venu. C’est en cherchant des partenaires afin de pouvoir également offrir à ses clients des entraînements sur les patinoires qu’il a rencontré il y a quelques années de cela Jean-Philippe Côté, l’actuel directeur du développement des joueurs du Lightning de Tampa Bay. Propriétaire d’une entreprise de développement d’habiletés sur glace destiné aux joueurs de très haut niveau, nommée « Fast Hockey Project », une entente fut conclue entre Harvey-Simard et Côté. Celle-ci s’étant avérée positive, les deux garderont contact en plus de collaborer sur certains projets au fil des ans. L’invitation pour Syracuse est d’ailleurs venue suite à des discussions concernant un partenariat pour une nouvelle compagnie qui sera lancée cet été par Vincent, soit H2M (Hockey to machine).
Bien qu’il ait passé une semaine avec le club de l’état de New York, il n’a pas eu la chance de les voir jouer. « Pendant les matchs locaux du Crunch, Jean-Philippe et moi étions sur la route afin de voir jouer certains prospects du Lightning. Cependant, j’étais présent lors de leurs pratiques et j’ai pu m’impliquer durant leurs entraînements en salle. En plus des échanges vraiment enrichissants que j’ai pu avoir avec les intervenants en place, j’ai aussi eu bien du plaisir à côtoyer les Québécois qui font partie de l’équipe. » mentionnait le diplômé de l’Université Laval en kinésiologie.
Source : www.visitsyracuse.com
Le niveau d’avancement dans l’évaluation, et particulièrement en ce qui a trait à l’évaluation de l’état de fatigue physique des joueurs, est sûrement l’un des éléments qui a le plus marqué Vincent lors de son séjour. Il faut comprendre que les gars qui jouent pour le Crunch de Syracuse cognent à la porte de la Ligue nationale de hockey (LNH). Le volume d’entraînement auquel ils sont confrontés annuellement les rend à risque de souffrir de surentraînement et donc, potentiellement, de voir diminuer à la fois l’efficacité de leur système immunitaire et leurs performances. Grâce aux marqueurs de fatigue mesurés quotidiennement, il est dorénavant possible de démontrer à l’athlète visuellement et, en quelque part, scientifiquement, qu’il serait avantageux pour lui de prendre une pause par exemple. De même, l’entraîneur a en main des données concrètes qui lui permettent d’adapter tout au long de la saison la fréquence et l’intensité de ses pratiques en fonction du degré de fatigue de sa troupe.
Bien sûr, comme le Crunch est le club-école du Lightning de Tampa Bay, l’une des puissances de la LNH et assurément l’une des équipes les plus à l’avant-garde du circuit Bettman, personne ne sera surpris d’apprendre que les équipements utilisés pour prendre les mesures sont à la fine pointe de la technologie : « Je dirais que parmi tous les outils qui m’ont été présentés, l’un de ceux qui m’a le plus impressionné est certes la plateforme de force triaxiale. Quand tu fais des mouvements sur la plateforme, l’ordinateur arrive à te dire combien tu as développé de puissance selon les trois axes principaux, à savoir horizontal, vertical et longitudinal. Évidemment, le CNDF ne possède pas les moyens financiers d’une franchise professionnelle. Toutefois, un tel outil cela fera certes partie des discussions le jour où on ajoutera des machines dans nos salles d’entraînement au Campus. »
Dans un avenir immédiat, c’est surtout la création d’une base de données pour les tests physiques et les ratios de force qui travaille son esprit : « Ça m’apparaît vraiment important d’avoir des repères pour prouver scientifiquement à un sportif qu’il a une faiblesse lorsqu’il fait tel mouvement et qu’il faudra travailler son muscle de telle façon s’il souhaite éviter des blessures. Actuellement, on est dans le qualitatif, mais ce serait vraiment un gros plus d’être dans le quantitatif. J’ai bien vu lors de mon court séjour la plus-value de cela et j’aimerais bien mettre le tout en place au bénéfice des étudiants-athlètes du CNDF. » Se ravisant rapidement, Harvey-Simard ajoute : « Cette base de données ne serait pas uniquement utile pour les membres des équipes du Notre-Dame. Je suis convaincu que les étudiants et étudiantes en Techniques policières, en Sécurité incendie et en Soins préhospitaliers d’urgence, avec lesquels je travaille ici au Campus, pourraient aussi en bénéficier dans leur préparation physique! »
Outre l’aspect technologique, Vincent Harvey-Simard a également été témoin d’une façon plutôt innovatrice de se préparer le jour d’un match. « Disons que c’est une méthode qui va à l’opposé de ce qui a toujours été véhiculé. Ma curiosité avait été piquée suite à des lectures sur le sujet, mais je ne croyais pas que des équipes professionnelles avaient tenté le coup. Le monde du sport est parfois si conservateur. Je ne suis toutefois pas surpris que l’organisation du Lightning en fasse l’essai : ces gens pensent définitivement à l’extérieur de la boîte! »
Mais sur la méthode comme telle, nous n’en saurons pas plus. « Laissez-moi d’abord proposer le tout à l’entraîneur-chef du Notre-Dame Football, Marc-André Dion! » mentionnait le professeur, sourire en coin.